★ TNN : Julie André dans "La guerre n'a pas un visage de femme"

Nice / Théâtre National de Nice : La Cuisine

Du jeudi 08 janvier 2026 au vendredi 09 janvier 2026


Genre : Récit
Salle : 155 Bd du Mercantour, 06200 Nice
Prix : 5.00€ > 35.00€

Svetlana Alexievitch
Traduction Galia Ackerman, Paul Lequesne
Mise en scène Julie Deliquet
Avec Julie André, Astrid Bayiha, Évelyne Didi, Marina Keltchewsky, Odja Llorca, Marie Payen, Amandine Pudlo, Agnès Ramy, Blanche Ripoche, Hélène Viviès

En 2015, Svetlana Alexievitch obtient le Prix Nobel de littérature pour son œuvre La guerre n’a pas un visage de femme. Sous forme d’enquête, ce précieux récit apporte un éclairage nouveau sur la Seconde Guerre mondiale. Une plongée intime et sensible au cœur de la parole des femmes, les grandes oubliées de l’Histoire, qui questionne notre devoir de mémoire.

Venues des quatre coins du pays, d’anciennes camarades du front se rassemblent dans l’intimité d’un appartement communautaire, au milieu des nombreux éviers, ballons d’eau chaude, gazinières et linge qui sèche. En ce printemps 1975, une jeune journaliste est venue recueillir leurs témoignages.

Dès l’invasion nazie en 1941, des milliers de jeunes filles se sont engagées pour lutter contre les armées hitlériennes. On pénètre alors, le temps d’une journée, dans un monde ignoré. L’enfer n’est pas racontable, voire imaginable. Elles seules peuvent se comprendre. Avec une immense émotion, ces combattantes nous prouvent que nous ne connaissons qu’une infime partie de l’Histoire : la guerre n’est pas constituée que de grands événements, elle l’est aussi de petits détails. Dire la réalité de la guerre : la faim, l’épuisement, la peur, les cheveux coupés, les bottes et uniformes trop grands, les paysages dévastés, les abus, l’entêtement irrationnel qui cherche à redonner sens à ce qui n’en a pas, les douleurs profondes et les joies inattendues. En se racontant, ces femmes renaissent, les récits les plus cocasses jaillissent et elles brûlent soudain d’envie de rire, de chanter, de vivre.

L'INTENTION
J’ai presque toujours porté au théâtre les voix d’une génération autre que la mienne et mis en scène une époque que je n’avais pas connue directement, mais qui me parlait de nous aujourd’hui. Les drames d'un quotidien épique hors normes sont universels. S'intéresser à l’humain, mettre en scène son expérience, son ressenti, son chemin de réflexion, plus que les faits eux-mêmes et leur déroulement, c’est privilégier les récits de vie à une histoire. Ce qui m’intéresse avec La guerre n’a pas un visage de femme, c’est de donner à voir la construction d’un collectif au travers des parcours invisibilisés de ces femmes. En mettant en scène les témoignages de femmes qui ont fait la guerre hier, je tente d’interroger la condition des femmes, mais aussi la place des femmes, des enfants et des hommes touchés par les guerres d’aujourd’hui. Les rejouer chaque soir au théâtre, re-convoquer leurs paroles, c’est leur redonner vie à travers toute leur singularité et toucher à une forme d’universalité.
Julie Deliquet

Je pose des questions non sur le socialisme, mais sur l’amour, la jalousie, l’enfance, la vieillesse. Sur la musique, les danses, les coupes de cheveux. Sur les milliers de détails d’une vie qui a disparu. C’est la seule façon d’insérer la catastrophe dans un cadre familier et d’essayer de raconter quelque chose. De deviner quelque chose… L'Histoire ne s’intéresse qu’aux faits, les émotions, elles, restent toujours en marge. Ce n’est pas l’usage de les laisser entrer dans l’histoire. Moi, je regarde le monde avec les yeux d’une littéraire et non d’une historienne.
Svetlana Alexievitch