Choeur de Sartène "Entre traditions et modernité"

Hyères / Église Saint-Louis

samedi 02 décembre 2023 de 20:00 à 22:00


Genre : Polyphonies
Festival : Sacrée Musique Festival
Salle : 12 Pl. de la République, 83400 Hyères

Le Chœur de Sartène revient en habitué au festival Sacrée Musique. Ce chœur
d’hommes, porteur des traditions corses, rêve d’inscrire la polyphonie méditerranéenne dans l’histoire de la musique classique. Stéphane Paganelli, l’un des
membres du sextuor, répond à nos questions

Vous avez donné un magnifique concert, auquel j’ai assisté à

l’église de Solliès-Pont l’année dernière, que retenez-vous de ce

moment ?

A chaque fois que l’on fait un concert, peu importe l’endroit ou

l’affluence, le chœur chante de la même façon : nous y mettons

toute notre âme. Un concert, c’est un échange, et dans notre

cas, il n’y a pas le "filtre" des instruments puisque nous chantons

a cappella. Le public, et nous-mêmes, recevons directement les

vibrations. Nous gardons un très bon souvenir de ce concert et

de tous ceux que nous avons donnés pour Sacrée Musique. Ce

festival nous tient à cœur, on y vient depuis la toute première

édition. L’ambiance qui se dégage du public est fantastique.

Quel répertoire allez-vous aborder cette fois-ci ? Pour ma part,

j’ai beaucoup aimé le passage de "La Passion"…

Notre répertoire est toujours sacré même si nous ne chantons

pas que des chants sacrés. Nous avons récemment donné un

concert à Sainte-Mère-Eglise et le prêtre nous le disait : "Même

si ce ne sont pas des chants religieux, vos chants sont sacrés".

Nous portons la terre, la Corse, les oliviers… ce message qui

pour nous est sacré. Quand on entre chanter dans une église,

on n’entre pas dans une salle de spectacle ordinaire. Pour ce

concert, nous proposerons quelques chants identiques dont trois

des chants de "La Passion" mais aussi de nouveaux morceaux,

quelques chants de Noël, ou des chants profanes de notre composition. Nous voulons ajouter notre part de joie à cette période

de fêtes.

Qu’est-ce qui fait selon vous la popularité et la spécificité des
polyphonies corses, et de la tradition sartenaise en particulier ?

C’est une polyphonie très vivante, il en existe de toutes sortes.

Elle a été remise au goût du jour dans les années 1970, notamment par Jean-Paul Poletti, créateur et directeur du Chœur de

Sartène. Depuis quelques années, il existe moins de groupes qui

chantent a cappella. Beaucoup s’accompagnent d’instruments

mais cela reste de la polyphonie corse. Nous, nous avons fait ce

choix artistique de garder cette sonorité et cette façon de chanter

uniquement avec nos voix. Notre spécificité provient d’une tradition d’écriture, avec une polyphonie un peu plus savante, écrite et

transmise par la partition. À mon sens, le Chœur de Sartène plait

car nous aimons ce que nous chantons, nous ne trichons pas.

Vous êtes héritiers d’une longue tradition, en quoi votre musique

reste-t-elle contemporaine ?

C’est vrai que l’on est héritier d’une tradition très ancienne. Sartène est une fondation aragonaise qui a cinq-cents ans. Le chant

sartenais est lui-même héritier du chant grégorien, avec un apport

des moines franciscains. Mais c’est aussi de la musique contemporaine puisque pour la plupart, nos chants sont des compositions

du groupe. Mais ancienne ou contemporaine, la musique que l’on

chante repose sur une tradition très vivace. La Corse résiste, en

partie car c’est une île, à tout ce qui touche à la mondialisation, à

la cancel culture, à l’oubli de nos traditions, et dans notre société

où l’on manque de repères, la polyphonie corse, bien qu’elle soit

très actuelle et moderne, porte cette tradition, cette authenticité.

Mais la tradition corse touche aussi les gens du Sud, de la Bretagne, du Cantal, qui y sont sensibles, car la France est une terre

de terroirs