Il rêvait de rassembler, il a fini par diviser… Dix-huit ans après avoir affiché son soutien à Nicolas Sarkozy lors de la présidentielle de 2007, Faudel revient sur un choix politique qui a marqué un tournant brutal dans sa carrière. À 47 ans, le chanteur de Mon pays évoque dans Paris Match le poids des regrets, les désillusions du succès et la reconstruction loin des projecteurs.
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Le soir de 2007 où tout a basculé
Le 6 mai 2007, place de la Concorde. Nicolas Sarkozy vient d’être élu président de la République. Sur scène, Faudel chante et sourit, entouré de Doc Gynéco, Enrico Macias et Mireille Mathieu. Il a 29 ans, la France entière fredonne encore Tellement N’brick et le qualifie d’exemple d’intégration. Ce soir-là, il ne se doute pas que sa carrière va s’effondrer. "Quand il est devenu ministre de l’Intérieur, il a tenu un discours sur l’égalité des chances, qui collait à ce que moi j’avais vécu. Alors je me suis engagé derrière lui parce que j’y croyais, parce que c’était ce que j’incarnais" , a avoué Faudel.
Le conseil ignoré de Johnny Hallyday
L’artiste franco-algérien croit défendre une cause juste mais dans les semaines qui suivent, les critiques pleuvent… Son public, majoritairement jeune et populaire, lui tourne le dos. Une tournée est annulée, sa maison de disques prend ses distances et la chute est rapide et douloureuse. Dans ce même entretien à Paris Match , Faudel livre une anecdote restée secrète pendant près de vingt ans : "Le 6 mai 2007, on avait fait des balances dans l’après-midi place de la Concorde. Johnny était là. À un moment, je l’ai vu monter dans sa voiture avec Laeticia et ils se sont arrêtés près de moi. Johnny a baissé sa vitre et m’a dit : 'Je ne le sens pas ce truc, tu ne devrais pas rester là'. Je ne l’ai pas écouté. J’aurais dû. Ce n’est pas pour rien qu’il était le taulier" .
Ce jour-là, Faudel ne suit pas l’avertissement du rockeur. Il reste, chante, et devient malgré lui un symbole politique. Dix-huit ans plus tard, il mesure le prix de cette décision, celui d’une carrière brisée et d’une réputation ternie. Le chanteur ne cherche plus à se dédouaner. Il assume ses choix, mais garde une certaine amertume envers le monde politique. Il a expliqué : "J’ai été utilisé comme 'l’Arabe de service', je le sais. Pas forcément par lui, mais par ses équipes, par ce personnel politique. J’ai payé fort le prix d’avoir été précurseur". "La musique m’a beaucoup donné. Mais elle m’a aussi beaucoup pris", a conclu celui qui vit désormais au Maroc.

