Cette enquête historique développe la thèse selon laquelle le massacre de la Saint-Barthélemy, n’aurait pas été le fait d’une insurrection populaire, mais celui d’une opération planifiée et exécutée par une milice organisée…
Hugues Nancy : Il y a bien eu quelques actes criminels commis par des citadins, mais ça reste minoritaire. L’essentiel des massacres a été perpétré par la milice bourgeoise. Nous nous appuyons pour cela sur les travaux de Jérémie Foa. Selon cet historien, ce massacre n’aurait pas été commandité par Catherine de Médicis ou le roi Charles IX, ainsi qu’on l’a prétendu. Il a en revanche été rendu possible par des années de persécutions, qui ont permis à la milice de Paris, ultra-catholique, de dresser des listes de protestants contenant leurs noms et adresses. Le 24 août 1572, ces groupes profitant d’un contexte tendu après la tentative d’assassinat de l’amiral Coligny, chef huguenot, ont pu en quelques heures appréhender et massacrer plus de 3 000 protestants.
Vous avez choisi de raconter cette histoire à la manière d’un documentaire journalistique. Pourquoi ?
Nous avions déjà utilisé ce procédé dans un précédent documentaire, Révolution (diffusé le 13 juillet 2021, sur France 2, ndlr). On interviewait les différents protagonistes dans un quartier de Paris en pleine effervescence révolutionnaire. Cette fois, on met en scène le réalisateur du documentaire, lequel est lui-même un rescapé des massacres. Ce dispositif offre l’immersion au téléspectateur, qui se sent plus proche de l’époque.
À propos de proximité, cette tragédie n’a-t-elle pas une résonance avec notre époque ?
Bien sûr ! L’intolérance religieuse nourrit cette mécanique de déshumanisation de l’autre, qui pousse au massacre. L’actualité nous le rappelle quotidiennement. De même, mon prochain projet sera consacré à l’épidémie de peste noire de 1348. On y retrouvera les mêmes problématiques que celles connues avec le Covid.
Tuer au nom de Dieu, mardi 26 août à 21h10 sur France 2