"En bas de chez moi, un SDF squattait le banc, parfois le hall de l’immeuble. Ça dérangeait tout le monde. J’aurais voulu avoir le cran de lui ouvrir ma porte, de lui offrir une douche et une nuit au chaud. Un jour, il a disparu. J’ai préféré me raconter qu’il avait gagné au Loto, plutôt que d’imaginer une issue plus dure ", confie Nadège Loiseau, réalisatrice de cette savoureuse comédie humaniste.
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Dont acte. Toucher le gros lot, c’est précisément ce qui arrive à trois gentils vagabonds qui se serrent les coudes dans les rues de Paris. Le colosse canadien Antoine Bertrand est le mal nommé Brindille. Sa vie a vrillé : chômage, divorce, séparation d’avec ses filles. Philippe Rebbot prête sa poésie « déglingo » à Casquette, le clochard céleste. La Flèche n’en est pas une, mais Côme Levin porte haut la détresse de ce gosse sensible, vrai punk mais faux dur. Ce trio de marginaux qui se rêvent globe-trotteurs est plus qu’attachant, alors, quand il rafle le pactole, on se réjouit pour lui. Et leur parcours du combattant pour faire valoir leurs sous devient le nôtre.
Mine de rien, les carences de l’inclusion pour les grands brûlés de notre époque formidable, faible avec les forts et forte avec les faibles, nous percutent. « Offrir de la comédie à ces hommes vulnérables est une démarche politique pour moi. J’aime à me dire, poursuit Nadine Loiseau, qu’on peut être fragile, misérable et avoir de l’épaisseur et exister. » En portant ce regard différent sur les exclus, ce noble objectif est atteint.
Trois fois rien, dimanche 6 juillet à 21h10 sur France 2