Pour Lio, la musique n’a jamais été un simple métier, elle est un espace de vérité, parfois brutal, souvent lumineux. Dans son nouvel album, l’artiste mêle intimement création, famille et hommage à son fils Diego, disparu en mars dernier à 21 ans. Une œuvre pensée comme un geste d’amour, mais aussi comme un dialogue ininterrompu avec ceux qui l’accompagnent encore. Interrogée par nos confrères du Parisien , Lio a dévoilé la symbolique de ce projet dès le titre choisi.
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Un projet né de douceur, soutenu par d’autres femmes
Elle parle d’une "fête géoïde dans le ciel" , une expression énigmatique qu'elle résume ainsi : "Un géoïde, c’est la vraie forme de la planète, pas tout à fait ronde. Et c’est l’anagramme de Diego, mon fils" . Cette présence, elle la revendique d'ailleurs ainsi : "On l’a emmené avec nous. Le ciel, c’est sa passion pour la physique quantique. La pochette, c’est la constellation qu’il avait commencé à dessiner et que ma fille Esmeralda a fini. Avec mes enfants, on a beaucoup échangé et écouté ces chansons. Diego était avec nous" . Le disque est pour lui comme elle le confie : "On l’évoque, on l’invoque, on danse et on rit avec lui. Quand la mort s’invite, il vaut mieux l’accueillir" .
Avant même la pandémie, Lio rêvait d’un album au féminin. "J’avais envie avant le Covid de faire un album avec des femmes. Je voulais de la douceur" , a-t-elle expliqué. La rencontre décisive se fait en 2019 avec Hoshi, qui lui offre la chanson "Basta", puis le Covid met tout en pause. Quant à l’idée d’un retour pop calculé, elle la balaie immédiatement : "Je n’ai jamais ce type d’idée. Je ne sais pas penser comme ça, à un come-back, à un plan de carrière. Je veux juste un album qui me ressemble . J’ai toujours aimé la pop, mais aussi les musiques du monde, la chanson française…" . L’album, elle l’a financé elle-même : "Après se sont posées les questions de sous. On les a résolues avec un KissKissBankBank. Des choses normales. Je suis une artisane, je ne suis pas signée par une major" .
2006, Ardisson et les conséquences
Pour Le Parisien , cette indépendance forcée pourrait sembler étonnante après 45 ans de carrière, Lio, elle, n’y voit rien d’incompréhensible. "Ce n’est pas fou. Il n’y a pas de label qui s’intéresse à Lio. Rien de nouveau sous le soleil, pour moi, le sujet est clos. J’ai pris l’habitude de me débrouiller toute seule, avec plus ou moins de réussite et de bonheur" , assure-t-elle. La chanteuse apparaît dans la série documentaire Netflix consacrée à Bertrand Cantat, un programme qui a rouvert l’enquête sur la mort de Krisztina Rady. Pour elle, cette mise en lumière était nécessaire : "La série a eu la vertu de clarifier beaucoup de choses, de rappeler les faits. Avant je savais tout ça mais j’étais seule à le porter. Et c’était facile : qui est cette chanteuse du “Banana Split” pour accuser ? Elle est hystérique !" .
Et de reprendre : "Mais dans la série, il y a un procureur, un infirmier, un médecin légiste qui dit que quand on met un genou sur la gorge d’une femme et qu’on la fait exploser, ce n’est ni un accident ni un coup de sang de passion" . Et Lio sait de quoi elle parle lorsqu’elle évoque les mécanismes de silence dans l’industrie musicale… Elle se souvient très bien de son passage chez Ardisson en 2006, où elle parlait déjà de féminicide. "C’était très violent et hostile. J’ai perdu mes contrats, mais ça ne m’a pas étonné" , a-t-elle reconnu. Elle assure avoir continué à avancer, coûte que coûte : "J’avais foi dans l’avenir, j’ai continué à travailler, à faire des galas… J’en fais toujours" .

